Pour ce qui est de l’avenir, l’objectif n’est pas de revenir à la « normalité » de 2019, où le rythme des progrès concernant de nombreux ODD n’aurait pas permis de respecter l’échéance de 2030, mais de reconstruire en mieux.
Avec la pandémie, nous avons constaté que les pays disposant d’infrastructures numériques plus développées étaient souvent mieux outillés pour relever les défis immédiats et à moyen terme, à savoir fournir des services de santé et d’éducation en ligne et utiliser des systèmes de paiements numériques. La pandémie a montré l’importance de la technologie et, à bien des égards, a accéléré la transformation numérique. Nous avons examiné les tendances émergentes de certaines technologies clés dans les économies en développement qui ont le potentiel d’avoir un impact important et durable.
Des technologies nouvelles ou moins coûteuses ont rendu les données géospatiales plus accessibles. Les petits États insulaires en développement qui sont exposés à des risques immédiats comme l’élévation du niveau de la mer et aux phénomènes météorologiques extrêmes induits par le changement climatique, comme les Maldives, utilisent des drones pour cartographier les risques de catastrophe.
Au Pérou, nous utilisons des données spatiales pour aider le gouvernement à élaborer un plan de relance du secteur forestier.
Les données satellitaires peuvent également être utilisées pour développer des programmes de micro-assurance au profit des agriculteurs, où les données sur les précipitations et une application mobile permettent des paiements automatisés et homogènes aux exploitants agricoles en cas de perte de récolte due à des précipitations nettement supérieures ou inférieures à la moyenne. Cela peut améliorer la résilience et les moyens de subsistance de nombreux agriculteurs dans les pays en développement.
Des mécanismes innovants apparaissent dans le domaine de la technologie financière, dont la plateforme Gcash Forest, soutenue par l’Initiative de financement de la biodiversité du PNUD aux Philippines. Plus de deux millions de personnes se sont déjà inscrites à l’application depuis son lancement il y a un an et accumulent des points en menant des activités durables telles que la marche, la renonciation aux factures papier ou l’achat de produits biologiques. Plus de 500 000 dollars US ont été investis dans la plantation d’arbres jusqu’ici.
Au Liban, l’AltFinLab du PNUD a piloté le déploiement d’une crypto-monnaie dénommée Cedar Coin. Un arbre est planté pour chaque pièce de monnaie achetée. Il s’agit d’espèces indigènes, et chaque type de cèdre a son propre prix. Les arbres spécifiques sont consignés dans un registre en utilisant la blockchain.
Les applications de l' »internet des objets » se développent, de la mobilité intelligente aux villes intelligentes, en passant par l’agriculture intelligente, comme les systèmes d’irrigation et la gestion de la chaîne de valeur. Les compteurs intelligents sont essentiels pour la mise à l’échelle des énergies renouvelables, en réseau ou hors réseau, et ouvrent la voie à d’autres applications permettant de réduire les risques liés aux investissements dans les énergies « vertes » dans de nombreux pays en développement. Les ONG et les milieux universitaires explorent également des applications uniques dans les cycles de suivi et d’apprentissage des projets.
Mais nous ne pouvons pas attendre des pays qu’ils tirent pleinement parti des avantages de la technologie sans une connexion fiable et abordable. Aujourd’hui, quelque 3,6 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à Internet, en majorité dans les pays en développement.
Pour partir sur des bases solides, il faut que davantage de personnes dans les pays en développement innovent au niveau local. Parfois, une solution moins coûteuse et plus simple fera l’affaire. Lors d’un hackathon au Rwanda, plusieurs équipes de jeunes ingénieurs ont proposé d’utiliser les nouvelles technologies pour transmettre des données de capteurs des zones reculées sans couverture internet au point internet le plus proche.
Si la tendance à la hausse des engagements des entreprises en faveur de la durabilité est bien établie, la question importante à se poser est celle de savoir si ces engagements visent à soigner leur image de marque ou sont pris dans le souci d’atténuer le changement climatique. Il ne suffit pas de poursuivre ses activités comme si de rien n’était et ensuite de faire rapport sur les Objectifs de développement durable (ODD) après coup. Tout changement véritable doit provenir d’un examen détaillé de l’impact de ses activités, à tous les niveaux, de la chaîne d’approvisionnement à la production et au-delà.
Les entreprises privées peuvent jouer un rôle déterminant en apportant leur concours aux initiatives locales, étant donné les vastes ressources humaines et autres, mais aussi l’influence dont elles disposent.